Honorables Invités
Mesdames, Messieurs Bonjour
Soyez en Paix,
Assalam aleykoum wa Rahmatou Lahi
Voici une offre de base de l’Islam, le don de l’Islam au monde des croyants et au monde entier.
Assalam aleykoum pour un bonjour quotidien, pour un bonsoir quotidien. Il s’agit d’un vœu stable, d’une prière permanente pour la Paix dans un monde de plus en plus perverti et souillé par une violence ignoble dans ses formes et dans ses origines.
Aucun continent n’échappera à cette soif de désordre ou de sang
On peut multiplier à l’infini les exemples qui polluent la vie sur terre. Mais toutes les formes de violence dans leurs manifestations et dans leurs motivations sont déterminées avec constance par des situations d’injustice.
L’Etat qui ne punit pas sévèrement les manifestations cruelles du racisme est en faute.
A l’échelle internationale le traitement inégal des Etats, des situations et des Hommes exacerbe les tensions et heurte la dignité humaine et constitue aussi une faute grave.
Le non-respect de la différence de peau ou de croyance qui conduit à la bêtise humaine dans l’indifférence complice des Etats au nom d’une liberté viciée et complice de l’intolérance est encore une faute gravissime
Voilà ainsi décrites quelques racines de la violence.
Quand la violence s’installe, c’est que l’injustice s’était implantée à la faveur d’une gouvernance désastreuse, notamment celle qui prime l’impunité.
Le Mali, perturbé par les avatars d’une démocratisation aux multiples ratés, peine à se retrouver dans ce chaos de désordre, et ne sait plus situer les causes du mal qui le mine, tant ce mal est multiforme :
Le rythme des agressions nocturnes ou des braquages barbares pour emporter autos ou motos devient incontrôlable, cela signale à la fois la montée de la précarité, le désintérêt de l’Etat pour les économiquement faibles et aussi le manque d’autorité de l’Etat.
Quand les milices à base raciale, germent à tout vent, c’est le reflet d’un Etat qui a perdu son âme et qui peut être perçu complice des narcotrafiquants et des preneurs d’otages qui prospèrent et prospèrent encore dans une passivité complice des autorités
Quand une poignée de citoyens fâchés pour de vagues raisons sans fondement, crient à l’indépendance ou à l’autonomie au grand dam des populations dont ils sont directement issus, il faut avouer que ni le critère racial ni celui de la marginalisation souvent mis en avant ne suffiront pas à effacer les siècles antérieurs du vivre ensemble. L’histoire commune vécue alternativement sous les empires Songhoy, Bambara, Tamachek ou peulh, sans doute mal perçue quelque part dans le monde, fait agiter des mains invisibles. La violence qui en découle doit interpeler les manipulateurs pour leur hostilité à un pays arc-en-ciel depuis des siècles qui les aime tant.
Quelle réponse, quelle thérapeutique amère appelle la situation ?
Tout mal a un traitement approprié. Le Hadith confirme que toute maladie à un médicament pour la soigner. Comment donc combattre l’intolérance ?
Quelle forme peut prendre ce traitement pour un ancrage de la paix dans les Cités ?
En Islam la tolérance doit s’exprimer en tout premier lieu par la négative. Etre tolèrent, c’est dire non à l’intolérance c’est rejeter toute forme d’intolérance. L’une des toutes premières révélations du Saint Coran, a consisté à fustiger le Roi juif Dhus Novas qui a brulé vifs des milliers de chrétiens qui n’acceptèrent pas de changer de religion malgré la demande solennelle du Roi. Une sourate complète
La sourate numéro 85, dénonce l’acte criminel et promet aux auteurs un feu plus ardent que leur vil brasier.
Ici au Mali tout le chapelet d’intolérances connues doit être minutieusement égrené et étalé au grand jour pour une condamnation publique. De Fily Dabo Sissoko à Alhadin, de Sakoiba à Aguelhoc en passant par les crimes gratuits de la police politique appelée milice populaire, tout devra y passer. Le cérémonial de dénonciation publique et populaire devra être à la hauteur de celui d’un Traité de Paix
Quand un criminel connu et reconnu nargue le peuple moque ses victimes et affiche sa fierté pour sa barbarie, en s’affichant intouchable, le pays est en péril et peut être classé hors la loi. Peut –on dans un tel contexte vouloir freiner l’effet domino ?
L’impunité est le germe le plus pur et le plus sûr du développement de la criminalité. Or que voit-on ici et partout ailleurs en Afrique et dans le monde, l’impunité érigée en mode de gouvernance, pour apaiser des situations ambigües. Comme si la justice défaillante a signé forfait sur tous les fronts.
Un pays est gouverné par ses textes. Quand ceux-ci se montrent inapplicables, l’Etat signe sa faillite
La corruption constitue un attentat contre le peuple et ses ressources. Elle prive l’Etat de moyens lui permettant de faire face aux besoins des classes défavorisées. Elle porte une atteinte grave au moral de ceux qui la pratiquent et de ceux qui la subissent. La mise en place d’une véritable brigade anticorruption passe par un soutient du peuple. De même que ce soutien est requis pour la dénonciation des criminels de même son concours à travers la dénonciation documentée de faits précis améliorera bien vite la situation, sans légaliser la délation
L’UNESCO a adopté une devise perspicace. Le mal prend naissance dans l’esprit des hommes et c’est dans l’esprit des hommes qu’il faut le prévenir et le combattre.
Cette sagesse nous est fort utile aujourd’hui. En effet des années durant des contrevérités ont été savamment distillées dans les parties Nord du Mali, faisant croire que le Sud se développe aux dépens des programmes destinés au Nord. Il en résulte qu’un sentiment dominant s’est installé : les politiques menées à Bamako sont une entrave à l’épanouissement du Nord.
En raison de tout le poids psychologique de ces rumeurs, il est fort utile et fort urgent de faire connaitre les réalités du pays aux Maliens du Sud et du Nord. Le brassage historique réalisé par le biais des échanges commerciaux ne suffira plus. Les transactions d’antan sel contre céréales ou cotonnades devront être renforcées par des échanges humains permanents
Cibler la jeunesse ne suffira pas non plus, il faut que les notabilités du Nord soient accueillies par celles du Sud et vice versa.
Referons nous encore à la parole prophétique : ‘’ Le repas entre croyants guéri les cœurs ‘’. Utilisons donc à l’échelon NOTABBILITE les vertus de la prière en commun et des repas en commun. Cela nous parait bien réalisable à court terme d’autant que dans chaque préfecture du Mali, il y a un pied-à-terre pour les missions gouvernementales, utilisables pour des missions de Paix. L’accueil en trois jours d’illustres visiteurs non gouvernementaux peut se faire dans ces centres d’accueil et permettre à des chefs de village, assistés de notables et conseillers de vivre avec leurs hôtes de marque, trois jours de repas en commun, de prières en commun et de palabre agrémentée de courtes visites alentours. Il va sans dire que ce genre de rencontres peut resserrer les cœurs et corriger les contrevérités quand le niveau égal de développement sera vu, perçu au toucher du doigt et bien compris. Ce genre de visites peut s’organiser tous les mois alternativement dans un sens puis dans l’autre.
En second lieu, les caravanes de la Paix vont cibler élèves et étudiants choisis parmi les meilleurs de leur classe. Il exigera une organisation professionnelle de colonies de vacances, de très courte durée en pâques et noël et de durées plus étalées pendant les grandes vacances. Un tel programme doit être au centre de l’activité d’un Département tel que celui de la Jeunesse et des sports.
Les déplacements croisés de cars de la Paix devront supplanter les mouvements malsains de groupes armés et les chants joyeux de la jeunesse devront étouffer et faire taire à jamais les bruits de botte et de Kalachnikov. Toute cette organisation sera encadrée par des spécialistes doués et de grande expérience humaine
Honorables invités
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Pour me résumer, l’ancrage d’une culture de Paix au Mali nécessitera
Il va sans dire que la fable de La Fontaine, ‘’ Plus fait douceur que violence ‘’ n’est pas un vain mot. Le sage Mahatma Gandhi l’a prouvé aux yeux du monde. Le Pasteur Martin Luther King et l’icône Nelson Mandela resteront dans l’Histoire du monde pour avoir mené un combat sans merci contre la Violence.
A l’évidence le monde d’aujourd’hui n’arrive pas à s’approprier la sagesse de ces hommes eu égard aux multiples et complexes conflits qui le secoue encore.
Aussi l’ancrage d’une culture de la Paix et de la non-violence dans notre pays, en Afrique, comme partout ailleurs, aura pour socle une Education qui prendra en compte les enseignements de ces apôtres de la non-violence mais aussi les religions, la morale sociale et l’éducation civique.
Je vous remercie
Ahmed Mohamed Ag Hamani
Ancien Premier Ministre
Grand Officier de l’ordre Nationale